Le centre commercial, c'est pour le shopping, pas pour les discussions || Calleigh

J'avais toujours eu l'habitude de vivre avec pas grand-chose. Pas grand-chose pour me loger, pas grand-chose pour me nourrir, pas grand-chose pour m'habiller. C'était plutôt impressionnant, surtout quand on savait que mes parents faisaient partie des familles les plus riches du pays. Cependant, peu de gens savaient qu'ils avaient décidé de me renier complètement. Pourquoi ? Pour une histoire complètement banale. Résultat ? Je viens d'arriver d'un exil de presque dix ans aux États-Unis, dont deux passées sans aucune vie extérieure. Génial n'est-ce pas ? Mais cette fois-ci, j'ai l'intention d'avoir une vie ne serait-ce qu'un peu stable, du moins, si je pouvais y arriver...

Ce serait beaucoup mieux si j'avais déjà plus de choses à me mettre que mes vieux vêtements que je ramassais parfois quand j'en voyais des pas trop chers dans les boutiques. Maintenant que j'avais un petit revenu, parce que j'avais soudainement cessé de voyager et que j'avais eu récemment un petit contrat de photographie, je pus finalement me trouver des vêtements convenables dans les boutiques. Comment je ferais cela ? C'est facile. Pour une des premières fois de ma vie, j'allais me rendre au centre commercial de moi-même, et dans le but de faire les boutiques, pas seulement faire des conneries comme j'avais l'habitude de faire. Je ne disais pas que cette époque de ma vie était loin derrière moi, c'est juste que je n'avais personne pour faire quoi que ce soit avec moi. Les personnes ici étaient tous des gens qui ont eu la vie facile, comme ma soeur et mon frère par exemple.

Peu importe. Quand l'après-midi arriva, je me changeai pour mettre un jean troué aux genoux et un t-shirt noir avec un Mickey Mouse dessus. Ayant encore de vieilles chaussures aux pieds, je mis mon porte-monnaie et mon téléphone dans mes poches et je partis vers le centre commercial sur mon scooter. Une fois arrivée, je trouvai une place de stationnement, et j'entrai dans le centre commercial. Quand je vis une première boutique de vêtements, sans regarder le nom de la boutique ou quelque chose du genre, j'y entrai, et je commençai à regarder les articles présents, surtout ceux en solde, qui me paraissaient beaucoup plus intéressants que ceux hors de prix.

» Messages Postés : 75 » Date d'inscription : 28/01/2010

- Oh, pardon ! Euh... Saraghina ?

Faire les boutiques ce n'était pas vraiment mon fort. Si certains considéraient cela comme une activité, moi je pensais plutôt que c'était une corvée. Je savais bien que je devais avoir quelque chose à porter, mais si c'était seulement de moi, je ne me chargerais pas de tenter de trouver ce qui me faisait le mieux, je demanderais à quelqu'un de le faire à ma place. C'est probablement ce que j'aurais pu faire si mes parents ne m'avaient pas déshéritée, puis envoyée à l'autre bout du monde, pensant que je deviendrais une bonne personne. En fait, j'étais devenue une bonne personne, pour moi en tout cas. Les autres, je m'en fichais. J'étais heureuse dans ma condition, et je n'avais besoin de personne pour me dire quoi faire ou quoi dire.

D'ailleurs, je savais que certaines personnes me regardaient probablement en se demandant ce que je faisais dans une boutique du genre. En fait, je ne m'étais pas rendu compte que j'étais entrée dans une boutique fréquentée davantage par les personnes ayant plus de revenus que moi, les snobs à papa en fait ! Moi j'étais là, avec mon t-shirt qui devait avoir cinq ou six ans, et je regardais seulement les choses en solde, alors que certaines filles voyaient leur facture monter à plusieurs centaines de dollars seulement pour un haut et un paire de chaussures. Soudainement, je me fis accrocher, ce qui me fâcha un peu, parce que si la personne qui venait de me bousculer était le moindrement polie, elle allait s'excuser, et j'allais devoir me retourner pour lui parler. Ce serait encore quelques secondes perdues dans cet endroit.

Quand j'entendis la personne prononcer mon nom en plus, je me retins de pousser un énorme soupir de découragement, ce qui aurait eu pour effet d'attirer encore plus l'attention sur moi, et ce que je voulais, c'était partir le plus rapidement possible. Lorsque je me retournai, je me retrouvai en face de la dernière personne que je voulais voir ici après mes parents. C'était Calleigh, si je me souviens bien, cette petite fille de riche qui avait toujours eu tout cuit dans le bec et qui l'assumait sans modestie. Je détestait ce genre de personne, et je n'avais pas honte de l'admettre. C'est pourquoi je dis:

- Pas grave... Oh non, pas toi !

Ces quelques mots voulaient probablement tout dire, tout comme les actions qui suivirent ce que je venais de dire. Rapidement, j'attrapai un haut et une paire de jeans au hasard, sans regarder le prix, et je voulus partir vers un autre endroit, peut-être même une autre boutique. Bref, je voulais tout faire pour éviter une conversation qui aurait pour simple but de me pourrir la vie et, bien sûr, me faire perdre mon temps.

» Messages Postés : 75 » Date d'inscription : 28/01/2010

- Attends !

- Je suis désolée, d'accord ! Qu'est-ce que tu veux de plus ?

- Laisse-moi t'acheter quelque chose, au moins, pour m'excuser !

La première rencontre avait cette fille m'avait réellement énervée. Je n'étais pas du genre à ne pas vouloir aller vers les gens, mais quand les gens en question étaient plutôt du type à dire qu'ils avaient une belle vie et tout, cela m'énervait. Pourquoi ? Parce que ça représentait tout ce que j'aurais pu avoir, mais de quoi je me suis privée à cause de quoi, de ma soeur de huit ans qui avait exagéré un simple fait et des parents qui en avaient marre de mon comportement et qui attendaient que je fasse une bévue de trop pour m'envoyer en pension à l'autre bout du monde. Je sais que j'aurais pu vivre ainsi, et si cela avait été le cas, je serais une tout autre personne. Je ne disais pas que je n'étais pas contente de ma vie, mais si j'avais un revenu plus élevé, je ne dirais certainement pas non.

J'avais une seule intention à présent, c'était de partir d'ici. J'entendais déjà Calleigh lui demander de l'attendre, mais je fis semblant de ne pas l'entendre. En fait, plutôt que de regarder dans un autre rayon, toujours en solde, bien sûr, je pris la direction de la sortie alors que j'entendis Calleigh s'excuser en lui demandant ce qu'elle voulait de plus. Les excuses, je m'en moquais bien, et je savais exactement ce que j'allais répondre à sa question.

- Que tu me laisses tranquille. Et le temps que tu y es, un Joyeux Festin pour emporter ! Et au fait, je déteste qu'on me fasse la charité ! Alors ton argent, tu peux le garder pour toi !

Un Joyeux Festin étant un repas pour enfant servi au McDonald's, j'avais utilisé cette réplique pour rajouter une touche d'ironie, ce qui m'était tout à fait propre. Alors que je prenais la direction de la sortie, quelque chose m'arrêta, soudainement, et je restai plantée devant un mannequin portant une robe blanche, ou plutôt crème, avec le bas inégal. Ce à quoi j'ai pensé en la voyant ? Que si jamais je réussissais à décrocher des contrats pour faire des concerts avec mon groupe de musique en Grèce, cette robe serait tout à fait parfaite. Discrètement, je décidai de jeter un coup d'oeil au prix, il faudrait que je travaille durant un mois sans dépenser pour me la payer ! C'était carrément utopique...

» Messages Postés : 75 » Date d'inscription : 28/01/2010

- Tu la veux, n'est-ce pas ?

- Combien tu as d'argent à mettre sur une robe ? Je sais que tu ne veux pas de charité ou quoi que ce soit, mais laisse moi payer le reste. Comme un cadeau. Parce que si tu ne la prend pas tout de suite, tu vas le regretter et quand tu vas revenir, elle ne sera peut-être plus là.

[ Désolée, c'est vraiment nul ! Je me reprend au prochain ! ]

Normalement, je n'étais pas du genre à m'arrêter parce que j'étais tombée sous le charme d'un vêtement. Je prenais souvent des trucs au hasard, tout simplement, comme je venais de faire, et finalement, j'avais abandonné l'idée, parce que payer le tout m'aurait retardé dans mon départ de cette boutique qui représentait aussi le moment où j'allais finalement être débarrassée de cette chipie qu'était Calleigh. Par contre, étant chanteuse dans un groupe peu connu, je tenais quand même à mes tenues de scène, et celle-ci serait tout simplement parfaite. Je le savais, je le sentais. Par contre, après avoir vu le prix, je me demandais si je ne pourrais pas la coudre moi-même en dernier recours.

Eh zut ! Calleigh m'avait rattrapée ! Elle me demandait maintenant si je la voulais, cette robe. J'étais vraiment orgueilleuse, et en temps normal, j'aurais probablement répondu non d'un ton assez agressif, mais sans savoir pourquoi, je n'avais pas envie cette fois-ci de le faire. Je ne pouvais pas le cacher, il était vrai que je voulais avoir cette robe. C'est pourquoi je répondis:

- Malheureusement oui.

"Malheureusement" venait surtout du fait que je me retrouvais devant une fille qui avait largement les moyens de la payer, probablement, et moi j'étais là, avec une carte de crédit pleine parce que je n'étais pas capable de tout rembourser en même temps. Ça m'énervait vraiment, pour ne pas utiliser d'autres expressions. En plus, Calleigh n'aida pas à sa cause en disant qu'elle voulait payer la différence entre le prix de la robe et ce que j'avais à débourser dessus. C'était très gentil de sa part, mais je ne voulais pas de sa charité.

- Tu veux vraiment savoir combien j'ai à mettre pour ça !? Rien du tout ! Et dans un mois, je ne pourrai pas plus, probablement pas avant l'année prochaine !

C'en était clairement fichu de mon idée d'acheter cette robe pour faire des concerts. Il était certain que je ne pourrais pas l'acheter. D'ailleurs, ce n'est pas pour rien que j'ajoutai:

- Je vais en trouver une semblable dans une friperie quelconque...

J'avais l'air de quoi maintenant !? J'avais juste l'air d'une pauvre idiote sans les moyens qui s'était carrément trompée de boutique. Ma place, ce n'était définitivement pas au centre commercial, mais plutôt dans les vide-greniers où je pourrais trouver des vêtements pas trop chers, parce que pour le moment, ce n'était pas dans le sommet de mes priorités, porter quelque chose à un prix incroyable.